Tour de France 2010 : Andy Schleck aura des regrets...


En ce dimanche d'arrivée sur les Champs-Elysées et de clôture du Tour de France, la chanson de Joe Dassin nous trotte dans la tête et un sentiment prédomine quant à l'analyse de son résultat, Andy Schleck aurait pu et surtout dû gagner ce Tour. Seulement au final, c'est encore Contador qui l'emporte. Retour sur ce Tour.

39 secondes, c'est ce qui sépare Alberto Contador de son dauphin Andy Schleck après 91 heures 58 minutes et 48 secondes de course. Autant dire rien. Un écart minime mais beaucoup de choses à dire tant cette édition 2010 a été riche en suspense et en émotions jusqu'à la fin de ce contre-la-montre entre Bordeaux et Pauillac hier. Les larmes du champion espagnol à l'arrivée de son effort solitaire symbolisent son soulagement et sa libération de ramener le maillot jaune à Paris pour la troisième fois de sa encore jeune carrière, après une compétition dans laquelle il n'a pas toujours paru au top et surtout supérieur à son rival Luxembourgeois. Bien au contraire.

En effet, il l'a lui même reconnu, il n'était pas au mieux dans certaines étapes comme sur ce dernier chrono qui l'a fait paniquer lorsque le leader de la Saxo Bank est revenu virtuellement à une seconde au général alors qu'on en comptait 8 au départ. Ce dernier a par la suite payé ses efforts des 30 premiers kilomètres. Mais c'est un constat, le natif de Madrid n'était pas cette année aussi souverain qu'en 2009. Même s'il ne le dit pas, Andy Schleck a semblé plus fort que Contador sur l'ensemble de ce Tour. C'est une réalité.

Alors certains diront que nous retrouvons cet écart final dans l'incident mécanique qu'a subi le cadet des Schleck dans l'ascension du Port de Balès laissant filer Contador ainsi que le maillot jaune. Analyse bien faible de la défaite du frère de Frank. Rappelons simplement que cet incident intervînt à cause d'une erreur technique du meilleur jeune et aussi que le coureur espagnol a également eu sa dose de malchance mécanique lors de l'étape des pavés où il perdit 1'13" sur son adversaire.

Schleck était le plus fort dans les jambes mais Contador a gagné grâce à sa tête. Quand il ne se sentait pas assez fort pour attaquer ou suivre un potentiel assaut d'Andy, le Madrilène a bluffé en faisant rouler très fort son équipe Astana pour faire croire à une future attaque. On a vu ce shéma par deux fois dans la montagne, la première lorsque les coureurs se rendaient à Avoriaz et la seconde lors de l'arrivée à Ax-3-Domaines. Cette tactique a fonctionné à la perfection tellement ses adversaires craignaient une attaque foudroyante comme l'an dernier. Mais le Contador cru 2010 ne l'a jamais eu véritablement.

Le champion Luxembourgeois a donc trop tardé à prendre ses initiatives (dernier km) à Avoriaz et s'est contenté de rester dans la roue de l'ibère à Ax ce qui l'a mené à la seconde et ennuyeuse place. Andy Schleck est déjà un grand coureur mais ne sent pas les coups, ne saisit pas encore ses chances. Il a certes donné son maximum dans la Madeleine ou le Tourmalet mais à ces moments là, les deux coureurs étaient de niveau identique et ne pouvaient se lâcher. Contador a aussi bien jouer le coup à Mende en reprenant l'avantage psychologique dans ce duel magnifique entre deux amis rivaux. La victoire de Contador est donc la victoire de l'intelligence et de l'expérience. Il a su masquer ses faiblesses en les dissimulant en potentielles forces, remarquable.

On peut aussi dire que sans Frank, Andy s'est libéré mais n'a pas pu compter sur une équipe aussi solide que celle du nouveau triple vainqueur du Tour. C'est dire si il avait dans les jambes cette victoire finale. Il se rapproche de la première marche du podium et prend rendez-vous pour 2011 et la suite c'est certain, mais lorsqu'il analysera à froid 2010, il aura des regrets immanquablement. Qui sait s'il ne s'en voudra pas dans plusieurs années de ne pas avoir plus attaqué, qui sait si dans un an il ne sera pas moins bien et Contador intouchable ?

Dans le sport de haut niveau, les occasions sont rares et lorsqu'on ne les saisit pas, elles peuvent ne jamais se représenter. On doute cependant qu'elles ne se représentent pas pour Andy Schleck qui possède définitivement un immense talent. Un zeste d'expérience, de sens tactique et d'opportunisme en plus et il vaincra.

Quant à Alberto Contador, il remporte son 3ème Tour de France à 27 ans et son 5ème grand tour au passage. Gagner sans être le plus fort est la marque des Grands et le sport espagnol continue à briller grâce à lui. Il est le meilleur coureur à étapes depuis 2007, nul doute qu'il veuille encore plus entrer dans la légende du Tour en en remportant encore d'autres.

Le duel Andy Schleck-Alberto Contador n'a pas fini d'enflammer la grande boucle et ce pour notre plus grand plaisir. Vivement l'année prochaine pour ce feuilleton du mois de juillet qui rassemble toujours autant les foules.

Publié parNicolas MIKLUSIAK à 12:16  

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