The Jericho Mile : Sympathy for the running man

Pour continuer dans la célébration de ce cinéaste majeur qu'est Michael Mann, je vous propose de revenir sur son tout premier film, The Jericho Mile, perle oubliée des sorties DVD. Soit l'occasion de revenir sur 30 ans de carrière frolant le sans faute.

Michael Mann et le Sport


Réalisé en 1979 pour une diffusion télévisuelle au sein du programme Movie of the week de la chaine ABC, tout comme le Duel de Spielberg quatre ans plus tot, The Jericho Mile est un objet étonnant melant à la fois fiction et captation documentaire, film de prison et mélodrame sportif, annonçant le slignes majeures de son cinéma à venir.

Si Michael Mann est aujourd'hui identifié comme étant le réalisateur des immenses polars que sont Heat (1995) et Collateral (2004), son oeuvre se révèle aussi cohérente que protéiforme. Il s'est acoquiné par trois fois au moins au monde du sport. The Jericho Mile, filmé en prise directe au sein de la prison de Folsom, qui dix ans plus tot avait déjà reçu la visite d'un certain Johnny Cash, prend pour repère fictionnel central le chemin d'un condamné à perpétuité. Murphy (Peter Strauss), pour survivre à l'écart des gangs, passe son temps à courir in circles. Repéré par l'encadrement de la prison, il se verra proposer de participer aux JO, avant d'etre refoulé par les officiels à cause de son crime. En 2001, Mann se penchera sur la figure de Mohamed Ali (le film commence d'ailleurs sur une scène de footing nocturne ultra sensorielle) et ses relations avec le monde de la boxe, des médias, de la politique, des femmes et de la religion. Il réalise également une publicité ultra dynamique pour Nike, Leave Nothing, dédiée au football américain (http://http//www.youtube.com/watch?v=GX_5tzwVz3I).

C'est donc un milieu qui semble l'intéresser au moins autant que celui des familles mafieuses et policières. Dans The Jericho Mile, Murphy se sert de la course à pied et de la quete d'un temps personnel sans cesse amélioré afin de se sortir de lui meme, des autres et de s'échapper des murs réels et mentaux qui plombent son champ de vision. Le sport est représenté comme un moyen accessible et noble d'atteindre une vérité intèrieure et ce dans les pires conditions, au détriment de la reconnaissance et des honneurs officiels (voir également le film de Walter Hill, Undisputed, au sujet similaire). Refoulé des JO, il persiste et signe une victoire personnelle, aussi amère qu'éclatante.

L'autre Je

L'introduction du film (http://www.youtube.com/watch?v=tCpdtRDjj48) est une véritable leçon de cinéma: Mann cadre en plans successifs les différentes communautés de la prison, au rythme d'un Sympathy for the Devil à peine déguisé. Au milieu de tous ces tatoués, niggers, chicanos et autres white supremascists, deux coureurs, un blanc et un noir apparaissent dans un premier flash. Ils font encore partie du cadre au meme titre que les autres figures qui défilent sous nos yeux. Puis ils se détachent pour de bon quelques secondes plus tard, la caméra accompagnant leur sueur, tirant ainsi le documentaire vers la fiction carcérale et sportive: voilà donc nos personnages principaux. L'amitié de nos deux coureurs, Murphy et Stiles, est ressentie comme un effront au communautarisme ambiant. Dans la réalité, Mann a du obtenir une treve de la part des gangs pour les besoins du tournage. Cette dynamique du duo annonce un theme majeur chez Mann, celui de l'alter ego masculin, celui que l'on reconnait par essence, et que l'on affronte par fatalité.

Se fondre dans l'autre et s'y reconnaitre, parfois pour mieux s'anéantir (Manhunter, mais aussi Collateral et Heat) afin de gagner la partie d'echecs engagée, renvoie également à la question permanente d'un espace intérieur / extérieur. Murphy n'a de cesse de répéter qu'il n'y a pas d'ailleurs, qu'il "appartient" à cet endroit, qu'il mérite et reconnait son sort. Pourtant il court, c'est là son remède pour évacuer l'anxiété et la présence des autres. Lorsqu'il se décide enfin à sortir physiquement de cette bulle, on lui refuse au dernier moment cetteopportunité. Devant retourner en prison, il bat lui-meme le record du monde, méconnu de tous. Tout comme Lowell Bergman (A. Pacino) à la fin d'Insider 20 ans plus tard, il a gagné, mais quoi exactement ?

Murs

Cette figure de l'électron libre qui tente d'évoluer au sein d'un système contraignant est bie sur un motif très attractif aux yeux des grands cinéastes US, dont les rapports entretenus avec l'usine à reves ont toujours été assez tendus. On pense au fameux, "one for them, one for me" qui signifie l'alternance d'une commande avac la réalisation d'un véritable projet professionnel...quand le film dit personnel n'est pas habilement concilié avec un film de genre ou de série B (Dawn of the dead de Romero par exemple). En ce qui concerne Michael Mann, son cas est particulier puisqu'il a pu réaliser des films de genres aussi différents que personnes sansconnaitre de véritables entraves sur la durée (je donnerais beaucoup cependant pour voir les montages originels de The Keep et The Last of the Mohicans, 3 heures chacun, réduits sous la pression des studios). La raison de cette grande liberté ? Mann a fait ses armes dans le milieu encore plus impitoyable de la télévision, en lui donnant au moins un succès international certifié, à savoir la série Miami Vice, que je considérais petit comme une atteinte au bon gout et qui se retrouve affublée aujourd'hui de toutes les meilleures intentions du monde, à savoir un miroir volontairement exagéré des années Reagan.

Ces premiers pas dans la télévision ont cependant eu pour effet secondaire de retarder considérablement son assise auprès des critiques. En France, lorsque Heat est sorti en 1995, Télérama ne faisait pas ressortir son nom, considérant le film comme étant beaucoup trop long, s'empetrant dans des à cotés sentimentaux et regrettant l'absence d'une confrontation plus frontale entre De Niro et Pacino. A l'heure actuelle, son nom n'a toujours pas atteint le statut aussi household qu'un Spielberg ou Scorsese, alors qu'il et issu de la meme génération que ce dernier. Tout le monde ou presque identifie des films de troisième zone comme American Beauty quand Collateral demeure un vague film d'action avec Tom Cruise.

Au delà de cette notion d'indépendance, Mann débute sa carrière avec "un film de prison" : c'est là un geste hautement symbolique, puisue ses films suivants n'auront de cesse d'étendre les murs, tout en rendant infime la notion d'un ailleurs possible. Car chez Mann il n'est fondamentalement question que de la tension entre l'individu et le corps social, familial, professionnel, sportif etc quand ce n'est pas la ville elle-meme qui sert de cloche infranchissable. Les mafieux Manniens , tout comme Murphy, sont des solitaires, indépendants, obstinés, répondant à un code simple en toute situation, y compris si cela les mène à leur perte. Personnages en quete, ils sont toujours sur la brèche, au point de tout perdre, comme Graham (Manhunter) au bord du gouffre mental et familial, Neil McCauley (Heat) qui ne peut quitter la ville, ou bien encore Wigand (Insider, Russel Crowe) qui perd femme et enfants en restant fidèle à son éthique.

Dans ses thrillers urbains, dont Heat et Collateral évoquent à mes yeux un épisode de la Quatrième Dimension où un couple se retrouve prisionnier d'un décor, Mann pose la limite de la ville. Qu'ils se prénomment Frank (Thief), Neil (Heat) ou Max (Collateral), tous revent d'Ile Fidji , de cet ailleurs-paradis-perdu (qu'il filme bel et bien dans The Last of the Mohicans), et tous se retrouvent conscrits à l'espace urbain, comme Murphy se retrouve conscrit à l'espace carcéral. Dans Miami Vice (2006), une évolution notable cependant : les femmes deviennent prioritaires. Elles sont le dernier repère avant la mécanisation d'un monde asujetti à la vitesse, aux flux et au béton, alors qu'elles étaient les grandes perdantes dans Heat. Si l'on en croit la bande annonce de Public Ennemies (toujours se méfier des bandes annonces though), Dillinger (J. Depp) se ballade d'un Etat à un autre sans aucune contrainte. Si Neil McCauley n'hésite pas à abandonner Eadie, Dillinger se montre pret à renoncer à cette liberté pour aller chercher, dans la gueule du loup, la femme qu'il aime.

Notre désir confronté, aux limites de l'océan

La femme, son absence et sa présence dans la vie du héros Mannien, occupe comme nous venons de le voir, un champ de plus en plus primordial. En 30 ans, nous passons ainsi d'un film de prison, qui par essence est exempt de femmes, à un film où celles-ci deviennent un priorité. C'était certes déjà le cas dans le Dernier des Mohicans, au ton élégiatique, épique et romantique. Cela s'est affirmé par la suite dans ses polars. Tous les personnages Manniens sont tiraillés entre la conduite de leur code, la poursuite de cette quete intérieure d'absolu et le désir de stabilité, de "normalité". Qu'il s'agisse du gang, de la corporation médiatique, sportive ou carcérale, il est toujours question de rapports avec la "famille" et la question des rapports hommes/femmes en est l'expression la plus évidente.

La femme est ainsi intimement liée à l'eau dans Miami Vice. Lorsque Crockett (C. Farell) prendle large avec Isabella (G. Li), tous deux s'extirpent de la ville prison, où chacun joue son role. Lors de longs plans où un hors bord fend l'écran et l'océan en deux, ils ne font alors plus qu'un avec la nature et c'est par cette distance et cette imensité que leur désir s'exprime pleinement. L'eau a toujours été un élément fort chez Mann. Lorsque Bergman (Insider) se retrouve en retraite forcée, Mann le cadre les pieds dans l'océan, connecté à la nature comme il l'est technologiquement et idéologiquement avec son interlocuteur Wigand. Et lorsque Wigand prend deux minutes avant de témoigner devant un tribunal fédéral, on le voit marcher sur une sorte de pier. Cette image répond à celle de HeatMac Cauley scrute l'océan, choisie par Taschen pour son livre dédié au réalisateur. Sur le sujet, Jean Baptiste Thoret hits the mark : "pour Mann l'océan est l'image canonique des voyages impossibles".

L'océan est un domaine que l'on scrute, que l'on tente, qui sert de point de ressource et de transgression à ses personnages. J'ai de plus en plus tendance à croire que ce voyage impossible qui tenaille presque tous ses personnages est lié à un oedipe fort. Asociaux, leurs origines familiales sont parfois floues, quand elles ne sont pas carrément synonymes de meurtre du père etd'absence de la mère. Murphy révèle avoir tué un père abusant régulièrement de sa petite soeur. La mère est la grande absente de ctte confession, tout comme dans celle de Vincent (Collateral). Celui ci déclare à Max (J. Foxx) avoir tué son père à l'age de 12 ans, pour partir ensuite d'un grand éclat de rire. Mais ce tueur professionnel et froid plaisante-t-il vraiment ? On notera que son humanisation progressive, qui causera sa perte, passepar une visite de courtoisie à l'hopital...pour voir la mère de Max.

Just like the rain

Murphy lui possède un sobriquet, Rain ("on ne me laisse pas courir lorsqu'il pleut") : une goutte qui semble annoncer la place des femmes et de l'eau par la suite. Si "rain" renvoie à la pluie qu'on lui refuse, on peut y voir aussi l'expression d'une liberté évanouie etde larmes interdites, et dans ce milieu carcéral et pour le crime qu'il a commis. Un crime qui pose la question de la mère absente. Quand on lui demande ce qu'il recherche dans la course à pied, il répond qu'il a l'impresion de flotter. De là à penser que l'eau est le vecteur de ce voyage impossible vers le paradis éternellement perdu qu'est le ventre maternel...

Le héros Mannien scrute et recherche l'eau afin de rentrer en soi, de consulter son propre désir, un désir d'ailleurs et d'absolu qui se retrouve convoqué et confronté au surplace du ventre maternel. Si le paradis perdu, cette ile que recherche tout personnage Mannien s'avère etre le ventre de la mère, cela expliquerait en grande partie leur comportement avec les femmes, et désamorce ainsi la pure masculinité que l'on associe parfoi à tort avec son cinéma.

Pour finir, The Jericho Mile peut etre vu comme un bilan des deux décennies qui le précèdent : la quete de liberté absolue dans les années 60 et le réveil difficile des années 70. Il annonce surtout les principaux motifs qui vont occuper, à son corps défendant, tout le cinéma à venir du réalisateur. Ce film mérite votre attention, ainsi qu'une édition digne de ce nom...

Par Sylvain THURET, rédacteur en chef de Lamensuelle Overblog

http://lamensuelle.over-blog.fr/

Publié parNicolas MIKLUSIAK à 22:15 0 commentaires  

Tennis - Wimbledon: Le Roi Reprend son Trone

10 jours après la mort du King of Pop Michael Jackson, c'est bien Roger Federer, sur ses gazons chéris de Wimbledon, qui a été sacré King of Tennis.

Dimanche 5 Juillet, plus de 4 heures de jeu dans cette finale opposant le Suisse à Andy Roddick. Cette dernière balle décentrée de la part de l'américain, sur une ultime attaque de coup droit suivant un service puissant terminant malheureusement dans les tribunes...

En cet instant, le moment historique qu'attendaient tous les spectateurs et les fans de la petite balle jaune arriva, Roger Federer gagnait son 15ème titre du Grand Chelem.

Le Contexte

Egalant les 14 victoires en tournoi majeur de Sampras il y a un peu plus d'un mois à Roland Garros, il ne restait plus à l'helvète que d'en remporter un autre pour définitivement devenir le plus grand joueur de l'histoire du tennis mondial.
C'est désormais chose faite.

Profitant du forfait initial du numéro 1 mondial Rafa Nadal, de la déception Djokovic et de l'élimination du chouchou Murray en demi contre Roddick, il redevient également numéro 1 mondial, place à laquelle il est le joueur à y être resté le plus longtemps de suite.

Federer arrive à Londres en plaine confiance, il vient de remporter son Graal, la Coupe des Mousquetaires à Paris et retrouve l'herbe Britannique un an après avoir été battu en finale par Nadal.

Avant la finale, il ne perd qu'un petit set en 6 matchs, en 16èmes contre Kohlschreiber. Il témoigne d'une constance folle et d'une force impénétrable dans les moments importants de chaque match qu'il a à jouer. Contre Soderling, Karlovic et Haas, 3 serveurs hors pair, 4 jeux décisifs et 4 manches gagnées.

Grâce à son expérience et son talent inné, il réussit à accentuer son niveau de jeu déjà excellent à chaque fin de manche. C'est le retour du Grand Federer, comme à ses plus belles heures, son jeu est d'une simplicité et d'une pureté déconcertante...pour les spectateurs...et pour ses adversaires.

Il retrouve donc en finale Andy Roddick, auteur d'un tournoi fabuleux dès lors avec des victoires sur Berdych, Hewitt (5 sets en Quarts) et bien sur Murray en demi, match au terme duquel le joueur du Nebraska retint ses larmes, rempli d'émotions.

Mais Roddick contre Federer c'est avant le match 2 victoires pour 19 défaites dont 3 en finales de Grand Chelem (Wimbledon 2004, 2005, US Open 2006) et c'est surtout un complexe d'infériorité important.

Cependant, lui qui était dans le creux de la vague depuis 2 ou 3 ans est un nouveau joueur cette saison. Grâce à un physique retrouvé et perfectionné (perte de 10 kilos) et son association avec son coach Larry Stefanki, l'américain à la casquette est de retour au premier plan.

C'est peut etre pour cela qu'en ce dimanche ensoleillé, il n'est jamais paru aussi près de battre Federer dans un grand match, il ne l'avait en tout cas jamais autant poussé dans ses retranchements...

Le Match

Ce fut 4 h 16 d'une impressionnante intensité, sans temps mort, d'un niveau de jeu époustouflant et d'un suspense à couper le souffle.

Le premier set est remporté par Roddick très concentré et efficace au service (7-5).
Le second va au jeu décisif dans lequel l'américain s'octroie 4 balles de set (6 points à 2) avant que Federer, dos au mur, ne sorte le grand jeu et aligne 6 points de rang (6-7 (6-8)).
La cruciale troisième manche est gagnée par le Suisse sur le même score de 7 jeux à 6 mais Roddick, profitant d'un léger relâchement du futur papa enlève le 4ème set (6-3).

C'est donc un 5ème set qui départagea les deux combattants dans l'arène verte du central de Wimbledon sous les yeux ébahis de Sampras, Borg, Rod Laver ou encore Sir Alex Ferguson.

Ce dernier restera comme le plus long set en nombre de jeux en finale d'un tournoi du Grand Chelem faisant encore plus entrer ce match dans l'histoire.

Federer l'emporte finalement 16 jeux à 14 alors qu'il a frôlé la défaite sauvant 2 balles de break quelques minutes auparavant. Sa première balle (plus de 40 aces sortis), son coup droit et ses passings sont les grands artisans de sa superbe victoire.

Mais ce match n'aurait pas été le même sans Andy Roddick, formidable de persévérance et de courage, porté outrageusement vers l'attaque comme le vainqueur.
Il ne lui manqua rien ou plutôt si, le brin de réussite qui fait d'un joueur une future légende.

Son nom, Roger Federer.

Publié parNicolas MIKLUSIAK à 22:37 0 commentaires  

Le Petit Dico Irrévérencieux du Foot Moderne

B

Une Ben Arfa

Regarder les tribunes après chaque drible.

Etre un Brandao

Avoir la tête de Vincent Mac Doom, le physique d'un déménageur et certaines qualités requises d'un joueur de surface.

R

Capacités requises pour être un Rothen

Blond, lent, posséder malgré tout un bon pied gauche, une bonne technique, aimer les bagnoles mais par dessus tout les micros et les caméras.

"Vous n'allez pas me croire", on l'aime ou on le déteste.

V

Une Valbuena

Plonger, tomber, rouler sur soi même sur 10 mètres à chaque fois qu'on l'approche de près.


NB: le gel de Didier Deschamps n'est pas un gel Loreal et sa façon de s'exprimer avec ce flow si particulier n'a toujours pas été homologué par l'UEFA, Michel Platini étant trop occupé au restaurant.

Publié parNicolas MIKLUSIAK à 15:00 0 commentaires