Football - La peur au ventre, les pieds carrés...mais les mains fermes.


Au terme d'un des matchs les plus catastrophiques de l'équipe de France que j'ai eu le malheur de regarder, (super pour la rencontre la plus importante des Bleus depuis le France - Bulgarie de novembre 1993), les tricolores valident leur ticket pour le mondial sud-africain de juin prochain.

La fin imméritée et volée de ce feuilleton à suspense des phases de qualification est tragique pour la glorieuse Irlande et traduit sans justifier pour la France les pauvres moyens adoptés pour l'obtenir.

Un match à s'en arracher les cheveux et à en perdre les boyaux

Ce n'est pas une main, c'est un contrôle orienté de la main de Thierry Henry qui offre à Gallas le but qualificateur pour la plus suivie des compétitions sportives au monde.
Tel son pote Tony Parker contrôlant le ballon ligne de fond et remisant à Duncan pour un dunk à l'intérieur, Titi met la mimine pour ne pas qu'elle sorte puis la donne à son ami de toujours qui, opportuniste encore une fois, se trouvait là au bon moment.

Sur le coup, le Stade de France chavire, toute la France crie son soulagement, puis...à la vue des images, du silence de Larqué et d'Arsène au micro, de la mine déconfite du peuple vert, de la rage du Trap'...le malaise pesant s'installe.

21 H : Coup d'envoi dans une ambiance de fête, on attend la qualif' avec impatience et, considérant le match aller, on pense que les Bleus vont emballer le match et s'imposer, pour un résultat que l'on rêve depuis longtemps.
21 H 10 : Après une bonne entame de match entachée par la sortie d'Escude sur saignement, le onze français va commencer à sombrer. C'est parti pour une galère sans nom de 110 minutes...

L'Eire va littéralement étouffer l'équipe de France par une tactique visant à jouer long sur leurs attaquants ou derrière les défenseurs français pour récupérer les seconds ballons. Dans la plus pure tradition britannique. L'engagement physique des Irlandais est total contrastant avec l'apathie des joueurs de Domenech complètement amorphes, tétanisés par l'enjeu, n'alignant pas trois passes et ne mettant pas un pied devant l'autre. Une équipe de football solidaire et porté par son coach jouait contre onze joueurs perdus sur le terrain, désorientés et ne jouant que sur des accouds individuels impuissants.
Très logiquement, Robbie Keane capitaine courage exemplaire ouvre la marque pour l'Eire sur une action d'école qui exacerbe toutes les carences défensives et collectives de l'EDF. Anelka positionné couloir droit ne revient pas défendre après avoir repiqué dans l'axe, Sagna se retrouve à 1 contre 2, Duff s'infiltre et centre en retrait, délaissé par un Squillacci planté au sol tel une toile de tente, Keane ouvre son pied et trompe Lloris impuissant.

Heureusement que ce fut la seule fois. Incroyable de concentration, de courage, d'abnégation et de talent comme à Dublin samedi, le gardien de 22 ans est l'artisan de la qualification. Si on va en Afrique du Sud, c'est grâce à lui, c'est clair et net car il a encore sauvé la patrie à maintes reprises. Sans lui, l'addition aurait été lourde.

Les dix joueurs de champ à l'exception de Gallas et d'Anelka peut etre, puis de Govou entrant, ont été quant à eux d'une faiblesse impensable pour des joueurs évoluant au plus haut niveau. Incapables de réagir après le but irlandais, de se survolter malgré la peur pour aller chercher le graal pour un footeux, la copie rendue est honteuse pour une équipe de ce standing.

A la 103ème minute, au paroxysme du suspense, du dépit et de la peur, une main sauva les Bleus. C'est sur une erreur d'arbitrage monumentale que la France rejoint les 31 autres qualifiés pou la Coupe du Monde. Cette qualif' a donc un goût plus qu'amer, c'est gênant, limite indécent car l'Irlande méritait plus que nous d'y aller. Ils ont toutefois laissé passer leur chance comme le dit Roy Keane.
Mais les erreurs font partie du football et tant qu'il n'y aura pas de changement de règlement à ce sujet, nous en verrons. Henry a sacrifié son image pour l'équipe. Cette main, qui ne l'aurait pas faite à sa place ? Personne sans doute. C'est un geste instinctif, aucunement calculé, parler de triche est donc inapproprié. La déferlante médiatique à son égard est scandaleuse, elle peut le briser (il serait au bord de la déprime selon Deschamps), il a avoué, il a profité des erreurs du système certes, mais il n'a tué personne.

Lui qui en 14 ans de carrière a toujours été d'un grand professionnalisme, fair play, impeccable sur le rectangle vert comme devant les médias se retrouve abandonné dans un tourbillon qui dépasse la raison, sans soutien de sa fédération alors qu'il s'agit du capitaine des Bleus. La plus grande fédération sportive française, mise à part d'être présidé par un homme approchant les 80 ans, est dirigée par des lâches qui ont été jusqu'à décider d'ignorer le fait de jeu sur le site de la FFF.

Pour en revenir à Titi, c'est quand même incroyable d'en arriver à presque lui proposer le bûcher, d'en arriver à dire qu'on a honte d'etre français à la suite d'un match de football.
Arrêtons avec cette hypocrisie qui consiste à se planter des aiguilles dans le pied, on est qualifié c'est le plus important, quelle que soit la manière bien que très moche.
En France on aime le fair play, être honnête, se sentir victime, pour garder une pseudo pureté mais n'est-ce pas une des seules fois où les décisions de faits de matchs sont en notre faveur ?

Si une décision avait été inverse, on aurait crié au scandale, mais le joueur irlandais aurait fait pareil sans pour autant que son pays ait honte de la qualification.

Alors faisons profil bas mais soyons soulagé, on y est.

PS : (de là à dire comme Domenech soyons heureux et faisons la fete il n'en est pas question, je dirais que sa jubilation personnelle de mercredi se rapporte à la misérabilité de son personnage et à son incompétence).

Publié parNicolas MIKLUSIAK à 15:55 0 commentaires